«La pensée pense ce qui la dépasse infiniment»




2011-06-01

untitled.

foulard rouge cahotant dans le vent de souvenirs pavés.
foulard rouge brusqué par la route inégale et cruelle.
foulard rouge ondoyant, roulant, à toute allure pressé.

tristeza colorida com a alegria de ontem.
alegria triste pintando as ilusões de amanha.

queria prender a tua mão,

entendre mon coeur battre dans ta main
et sentir ta main caresser mon coeur.

meu coração
ligeiramente mais escuro que ontem,
e mais puro que amanha.
meu coração
marcado pela tua doçura, pelo teu cheiro
teu cheiro
que segue invadindo, de meu ser, cada poro.

chaque recoin des draps vaillamment replié.
pour ne pas laisser de traces.
un tracé permanent cisaille pourtant mon être et le traverse.
dans l'invisibilité flagrante de ma mémoire.

teus olhos. contendo toda a beleza do mundo.
e toda a sua simplicidade misteriosa.

à jamais enlevé à moi, à jamais en moi,

à jamais disparu.

à jamais.. suspendu.


entre uma ideia e um ato, um pensamento e um sentimento,
entre a noite e o dia, uma língua e uma outra língua.

tocando-se nunca.

les étoiles sous les nuages scintillent.
de mille feux voilés.

et mon esprit, lourd,

retourne vers son désert.

eu conheço um mundo que existe.


The eye sees only what the mind is prepared to comprehend - Bergson

Eu conheço um mundo que existe, muito longe daqui, um mundo quasi invisível. Eu falo num murmúrio pois ele não pode ser descrito pela linguagem. Todos os meus esforços para exprimí-lo no discurso são fracos e vãos. Minha vontade de rendê-lo no papel fica mais real do que a realidade deste mundo. Talvez a sua extrema irrealidade o torne real... Se não é o mundo representativo que nos acostumamos a conhecer, ou a perceber, como será possível caber nele? E como reconhecê-lo?


Je connais un monde qui existe et s’étend dans de vastes contrées peuplées de vert, incroyablement loin d’ici, et cependant si près de là-bas. Il apparaît devant nous à chaque instant, mais nous manquons pourtant à le saisir. Je tente de vous en dresser un portrait avec des mots, car les mots sont les seuls outils que je possède. Je sens toutefois que les mots sacrifient l’idée, et que l’idée, de toute façon, annihile ce qui se cache derrière elle, et que, désespérément, je devrai me perdre pour retrouver la forme initiale qui est celle dont j’aimerais vous parler. Cette forme sans forme, sans contours, à la fois vide et débordante, silencieuse, n’est peut-être qu’une trace, vaporeuse, sinueuse, dangereuse? Il me faudrait des mots différents, des mots hors-norme, hors-piste, hors-sujet, hors-mots pour dire ce monde que je capte à peine dans des moments fulgurants de clarté. D’extase. Je vous parle d’un monde mystérieux. Intouchable.


I know a world that exists, more secret and deep than the subconscious or the dream world, and that may not be pronounced, because it exists beyond thought. What exceeds the most abstract, clear, crazy, fast, sensitive, slow, absurd, irrational thought is so powerful that we can only sense the transitory energy of its ghostly presence. We can recognize its flow by feeling a joyful anguish or by experimenting the strangest of epiphanies. This world is the real life’s experience, the one linking being with World, and world with Being. It is the experience of a sensation hidden at the bottom of perception and appearing in the being’s reflection on the object when freed of this object. When the eye loses focus over what is looked at. This world isn’t material; the human body can’t belong there. Human can only maintain special connections with it.



Ce qui échoue a être contenu dans la matérialité d’une pensée, ce qui irradie, comme une lumière incandescente de noirceur, est-il voué à bêtement disparaître? Je vous parle d’un monde en voie de disparition. Non. En constante dissolution. En constante création. Impalpable. Ce qui ne peut être saisi par la structure de l’idée s’évapore-t-il automatiquement, ne laissant dans l’air que des volutes de fumée comme signe de son passage? Le monde dont je tente de vous parler est un monde de myopes. Il faut s’en approcher, y avoir presque les yeux collés, jusqu’à la formation de cette tache de lumière, pour entrevoir toute son étrange plénitude.


O cego é provalmente aquele que perdura neste mundo, vendo as coisas duma maneira diferente, acariciando cada parte, cada sombra, reconcehendo-as antes de conhecê-las. O cego esta livre, pois ele não pode possuir e destruir pelo olhar. Ele tem uma abertura, uma sensibilidade à frente do mundo, que se aproxima da lembrança, da fabulação, na relação decalcada entre as imagens.


L’aveugle regarde les choses avec nostalgie, distance, passion, les laissant se déployer devant lui comme une valse langoureuse, sensuelle et souple, un perpétuel mouvement. L’aveugle ne peut découper les choses en formes. Il reste dans l’incertitude.


The blind person doesn’t see that he’s an artist.


Comme je ne suis que myope, je me contenterai de m’aventurer, lentement, vers chaque chose, chaque pensée, pour pouvoir les distinguer, m’y fondre, m’en rapprocher tellement, que je perdrai la vision du monde pour entrer dans celle de l’Autre-Monde. Entrer dans la matière peut être douloureux. Ce l’est presque obligatoirement. Cela implique d’abord une certaine nausée, qui fait se tordre le visage de peur et d’appréhension, comme si l’on pénétrait dans une mer glaciale ou que l’on retenait son souffle sous l’eau trop longtemps. Néanmoins, la douleur peut parfois se confondre avec une jouissance exquise, un plaisir envahissant qui semble s’emparer de chaque nerf, chaque partie de soi, comme si le corps ne suffisait plus à les contenir. Il s’agit d’une sensation de surplus, où l’on croit avoir atteint une limite, transgressé une règle, et où les repères sont fondamentalement éloignés ou tellement resserrés qu’ils se contractent à l’intérieur de soi. L’expérience de ce monde est celle de «l’envers du motif de la tapisserie», c’est l’interruption du temps connu par l’irruption d’un temps inconnu et pur, et pour cela éternel.

This world, once we succeed in perceiving the violent breeze of its trace, gives us an overwhelming feeling of strength, power, as we are carried away in a state of grace, surfing on its wave. This world’s experience also implies the risk of the ocean splitting in two leaving us all perish in the bowels of the Earth. Thus this world exists to disappear, at every instant, like a tired lighthouse blinking and from which we only get short moments of light.

Le monde dont j’aimerais vous faire part n’est pas quelque chose comme le Nirvana, le Paradis ou le Ciel, bien au contraire. Il est le miracle de chacune de ces choses qui dépassent la pensée en ce qu’elles semblent avoir existé avant même la pensée. Peut-être est-ce le monde de la Vérité, la vérité pré-humaine, pré-méditée, pré-venue, pré-sentie. Un monde qu’on ne peut s’approprier car on en est trop proche, un monde brûlant, percutant, doux, intense, un monde de vert, et de bleu. Si tout ce qui existe existe en étant pensé par celui qui le pense, que faire d’un monde qui excède la pensée, un monde dé-centré, dé-cadré, dé-personnifié; que faire d’un monde sans auteur ou dont l’auteur n’est qu’un charlatan, un menteur, une femme, un nain?


Eu conheço um mundo onde você poderia amar-me. Amar-me sem complexo, sem medo, sem nada. Amar-me livremente, num sentimento fora da materialidade, fora do mundo, far from any-thing. Amar-me num movimento sincero e puro entre as nossas duas almas vazias de nós. Love me with ‘eyes wide shut’, only longing to feel the soft, shivering, naked skin of my being. Reconhecendo-me no meu mistério. Querendo, mais que conhecer-me, adivinhar, imaginar, criar, aceitar, o meu delírio. Amar-me de espírito e corpo inteiro, na ressaca do vento e no sussuro das folhas dançando no ar, na cegueira da luz branca e nítida, na ingenuidade e na inconsciência. Love me in a dreamy, dizzy, intuitive state of consciousness. Amar-me enquanto estou morrendo, morrendo em cada abraço teu, tornando-me mais e mais transparente. Amar-me sem saber que está me amando, e, por isso, não sentindo nenhuma dúvida. Amar-me numa língua estrangeira. Love me in the lucidity of shadowed words resounding in the night.


Eu conheço um mundo que existe. Il s’étend dans de vastes contrées peuplées de vert, incroyablement loin d’ici, et cependant si près de là-bas. J’ai décidé d’y aller, malgré l’impossibilité d’y entrer, et maintenant je ne peux en revenir. Je ne sais qui de moi ou de toi j’ai trahi, en franchissant l’interdit. Esquecerá-me..?


In this world, I’m nothing but foam, crawling on the beach of lost memories.