«La pensée pense ce qui la dépasse infiniment»




2010-03-16

à côté d'une absence.

Elle est allée au parc. À 23 heures. Comme prévu. Elle lui avait dit de venir la rejoindre. Qu’elle l’attendrait. Qu’elle l’attendrait. Elle savait. Elle savait pourtant précisément qu’il ne viendrait pas. Parce que le hasard n’a jamais été favorable. Enfin si. Au début.

Une fois le mouvement enclenché, il n’y a plus de place pour le hasard chaotique originaire. Les choses doivent prendre un certain ordre, entrer dans le registre du savoir. Et c’est là que tout est perdu. Il ne reste que cette trace lancinante, trace de la trajectoire des êtres entrés en collision puis dispersés dans l’univers. Fragmentés. Et pourquoi pas une réunification future?

Dans la mémoire, dans l’espoir, dans la promesse. Une fois la chose entrée dans le langage, il n’y a plus de moyens de la saisir (le fut-telle déjà ?), enfin nous ne pouvons que graviter autour du rayonnement de son noyau qui se gruge de plus en plus. Pour disparaître? Oui, probablement. L’ignorance ne peut revenir à celui qui sait. Même s’il fait tous les efforts pour oublier. Sa connaissance flagrante est telle qu’elle a tout détruit.

Elle l’a attendu jusqu’à 23hrs30. Et, comme prévu, il n’est jamais venu.