«La pensée pense ce qui la dépasse infiniment»




2010-08-30

cansaço.


Je suis cet homme au dos voûté et à la démarche ralentie par la vieillesse et la fatigue.

Je suis ce vieillard qui lentement suçote l'une de ses "seize pierres" gardées précieusement et polies par la mer.

Les pierres, réparties dans chaque poche, ont perdu il y a déjà bien longtemps la saveur douce et salée des flots caressants.

Je suis cet être sans origine ni destination (ou qui les a perdues ou oubliées), et pourtant ne cessant jamais sa longue marche vers on-ne-sait-où.

Je suis celui qui a tant de lucidité sur la vie naturelle et les choses, en a tant palpé chaque morceau, chaque recoin de sa consistance lourde qu'il en a perdu la conscience.

Seules la conscience de l'inutilité de la conscience et la vision du hasard catatonique demeurent, dans un terrible désarroi et une angoisse telle qu'elle invite au sommeil.

Je suis ce vieillard boitant qui déambule tranquillement et dort au hasard des chemins.

Pris entre l'abasourdissement nauséeux de la vie et la futilité de la mort.

Vivant.