«La pensée pense ce qui la dépasse infiniment»




2010-01-11

écoute moi.

Ta musique est à mon oreille. Elle m'hypnotise comme ton corps qui valse au contact de ma peau. Chacune de mes pores s’ouvrent à toi. Prêtent à s’emplir de ton air. Comme des ventouses qui voudraient s’emparer d’un mur et s’y coller à jamais. Je suis prise sur la façade de ta peau. En demi-équilibre. Entre le sol et le ciel de ton corps qui me supporte à peine. J’ai peur de tomber, car je sais que ta main sur la mienne glisserait à son contact. Impossible de me tenir un moment sur ton socle. Impossible pour moi de me reposer à l’orée d’un amour précaire. Entre le désir d’avoir, de perdre ou de détruire. Perchée sur ta façade en escalade, je perds toute contenance et ma parole ment. Je suis muette et je cesse d’exister. Mais il me semble qu’il serait bon m’être avec toi. Que m’être me serait un peu moins lourd. Deux néants qui s’embrassent peuvent-ils former un tout? Tu me diras que non. Que de toute façon un rien ne se partage pas. Que de toute façon c’est plus simple d’exister par soi-même. Tu me diras que non. Et ton visage ne s’ouvrira plus jamais à moi. Ta mélancolique complainte sonore me partage ta douleur. Ta douleur. Si seulement tu me laissais parvenir à la frontière du haut mur de ton corps, je laisserais un doux baiser derrière ta nuque et tu ne serais plus seul. Mais tu as décidé de me faire prisonnière d’un jeu futile qui ne me cède que tes parois glissantes. Pourquoi ne me laisses-tu pas prendre ancrage sur l’une de tes attaches? J’ai mal d’essayer de grimper pour toujours retomber au flanc de ta montagne. Ne suis-je qu' un léger réconfort d’une vie que tu ne supportes de vivre? Une présence quelconque au coeur de ton amère solitude? Et moi qui suis là à te regarder en haut de ton château fort. Désarmée. Nue. Et toi tu ne prends qu’un fragment. Rejetant tous ces autres fragments de moi qui ne peuvent t’atteindre. Un cri sourd dans ton oreille droite.