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Je dois vous faire part de mes États concernant cet astre qui parfois le soir frappe à ma fenêtre pour ainsi me repaitre de ses chants lyriques et champêtre, et m'envoûter, en un rayon, de son éclat.
En effet quand s'installe la nuit noire,
et que pointe le reflet dans le miroir
mon visage dans la clarté de la Lune
m'apparait comme du désert, une dune.
Alors la raison, austère, de mon visage s'évade
Et ne reste que mon imagination, en cascades
Qui gagne peu à peu mon esprit fertile
et dans une gymnastique, ma foi, agile
Montent à moi avec la Lune, les mots.
Les mots me viennent de l'Autre Monde
et dans une percée audacieuse fécondent
des pensées, le jour, dissimulées
lesquelles la nuit de leur tanière, osent
fragiles, dangereuses, comme les épines d'une rose
poindre, cortège de la Lune dépêché.
La fièvre s'abat sur mon corps fébrile
Assailli de tous ces mots, de prime abord, hostiles
trahissant ce qu'à l'éveil je suis
je me métamorphose une fois endormie
Le pouvoir de la Lune est puissant
et au matin, toute de blancheur, j'ignore
que les forces du sommeil, peu à peu, me dévorent.
De fil en aiguille, je ne puis plus détecter
une fois toutes ces nuits passées
si de la réalité ou du rêve je tiens
ainsi que de tout l'être humain
Je me demande, de la Terre ou de la Lune
À lequel de ces astres répond-il
Et lequel, au juste, le place en exil.
Diable, qu'en savons-nous exactement!
Et si de la Lune, ses habitants
Regardaient la Terre avec le même envoûtement?