«La pensée pense ce qui la dépasse infiniment»




2010-11-19

l'exister anonyme.

À présent, j'ai beaucoup trop de mots que je voudrais dire et que je n'ose, des mots silencieux, des mots hésitants, des mots brûlants, des mots... risqués?

Je m'égare. Voilà bien longtemps que je circule en retrait du chemin.

En fait, je me suis déjà trop enfoncée dans cette forêt dense et riche des mots: rimés, ravalés, ralentis, répudiés, réprimés, repris, relancés, récupérés, rejetés, résignés, rattrapés, réinvestis, rognés, relus, redits, revisités, répétés, remâchés, retournés, reformulés... mais toujours et inévitablement, sacrifiés.

La densité de la forêt noire est nécessaire pour écrire des mots hors-jeu, hors-champ, hors-norme, hors-piste, hors-sujet. Et comme canevas, un papier jauni, une peau de bête préhistorique. Sauvage.

J'ai décidé de me fabriquer un langage hors-temps. Une vérité d'avant les mots, une vérité pré-humaine, pré-sentie. Des mots plein les marges et plus rien au centre. J'ai décidé de me perdre. Si cela peut constituer un choix.

J'aurais donc un discours vide? Il est un trop plein de mots qui débordent du papier, et plus rien pour les retenir sur la page. Et pourtant demeure ce besoin d'être entendue.Même dans l'absence. Et je continue de parler en silence. Immergée et profondément seule.

Plus rien pour aimanter les mots vers le noyau central. Je tiendrais un discours du non-sens? Peut-être. De la folie? Possiblement.

De la passion, vous dirai-je.