«La pensée pense ce qui la dépasse infiniment»




2010-07-16

méditation.

Une grande inspiration, du ventre à la poitrine, un souffle plus ample que le vent, de l'abdomen au coeur. Une respiration lente retenue un instant à l'orée de la gorge, puis exhalée doucement, doucement.

Les deux mains croisées sur le coeur, une autre expiration, plus lente encore et qui se répand dans tous les membres.

Les bras, les jambes, le bassin, la tête, la bouche se détendent.

Un mutisme d'église résonne dans le corps, fait écho, comme si l'enveloppe corporelle se vidait, se vidait de plus en plus, à chaque respiration.

/ Inspiration. Expiration. / Inspiration. Expulsion. /
/ Inspiration. Expatriation. / Inspiration. Exorcisme. /

Tranquillement, mon propre souffle raccorde les frontières de mon être, rassemble mes peurs, mes sentiments, tout ce qui me constitue, et les rejette vers l'extérieur. Encore. Et encore. Je m'expulse vers le dehors peu à peu, mais le poids, lourd, qui est ma substance et qui s'ancre dans ma poitrine, dans sa désagrégation lente, heurte, heurte, mon coeur. Je subis cette douleur aigüe qui perce mes mains appuyées contre mon coeur en tentant de s'évader, de partir. Mon corps, en s'allégeant, fait ressentir sa lourdeur; mon corps, en se dépouillant de mes entrailles, force un passage par la gorge. Mais je ne peux hurler, je reste muette, immuable de piété face à cet acte de sabotage de mon être. Je veux devenir cette coquille vide, mais je ne peux le permettre. Mes larmes demeurent accrochées derrière mes yeux clos, mon cri étouffé dans ma gorge et ma cage thoracique qui inspire .... expire ... retient ... relâche ...

Puis, je cesse de combattre, je cesse d'avoir mal. La douleur s'adapte à mon corps et à mon esprit, se perd dans un lieu sans borne ni même de teneur matérielle. Je n'habite ni mon corps, ni la terre, ni l'univers, ni moi-même, je flotte quelque part entre le bleu et la lumière, quelque part entre le voyage et le ciel.

Et alors il n'y a que toi et que tes yeux, qui me regardent, qu'une image fulgurante et évanescente de toi qui surgit et m'offre cet espace -- ton visage -- où je peux résider.

Et j'expire une dernière fois l'air diffus.

Enfin calme.

Porque posso te sentir perto de mim, tão perto, que teu sopro se mistura ao meu....... numa mesma exalação -----