«La pensée pense ce qui la dépasse infiniment»




2010-07-02

o encontro que nunca foi.

Une robe bleue. Courte. Légère. Aux fines bretelles et enserrant la taille.

Un bleu marin. Bleu, non pas comme la sagesse, ni comme le ciel ou la mer. Bleu foncé. Mouvant. Comme si la robe valsait sur son corps longeant doucement le quai. L'angoisse au ventre. Bleu comme la folie, bleu comme le fantasme, et bleu chatoyant, soyeux et téméraire.


Bleu comme la distance entre ses doigts délicats au vernis rouge et sa bouche, charnue, à chaque bouffée de cigarette. Tremblant. Oscillant.
Bleu comme ne tenant pas dans les pans du réel. En marge de l'arc des couleurs. Bleu comme qui est aveuglé par la lumière. Une blancheur bleue qui fait plisser les yeux.
Un mirage.


Elle avançait le long de l'allée, belle inconnue de bleu, s'estompant progressivement , sa présence si ténue qu'elle semblait disparaître. Elle avançait vers lui, qui était drapé de blond et brillant comme une étoile vouée à la dissolution dans l'univers. Arriverait-elle à s'en emparer avant sa déconstruction dans le cosmos?
Le cosmos. Bleu.


Ses lèvres voulaient goûter la lumière, se consumaient de l'envie indécente de s'y engouffrer comme par l'espace entrouvert d'une fenêtre. Sa bouche se perdit en lui d'un geste franc, passionné, le bleu de sa robe épousant parfaitement le doré de sa peau. La collision entre leurs deux visages se fit sans pudeur, avec un abandon et une sincérité tels qu'ils crurent avoir atteint l'extrémité du palpable, au risque de tomber dans la béatitude du néant.

Comme une chute interminable vers les confins d'un désir à jamais inassouvi.

Leurs corps brûlants se mêlaient à présent dans un drap orné d'or et de bleu battant au vent dans tous les sens. Le décor extérieur se dissolvait dans cette étreinte pour ne laisser place qu'à la couleur de leurs peaux, tremblant l'une contre l'autre. Ses mains caressant fougueusement chaque fragment de son corps la fit frémir, ses yeux étaient ancrés dans les siens, ne quittant jamais son regard. Par peur de la perdre.

Par peur de perdre l'illusion.

Ils étaient unis dans un besoin irrésistible de fuir l'un en l'autre, comme l'encre fuit sur la page dans un torrent de mots tumultueux.

Une vague noire et dangereuse vint les envelopper dans un ultime moment de plaisir, puis mourut sur la berge, emportant avec elle la robe bleue.

Bleue comme une sirène.

Ou comme un souvenir.